On peut différencier deux types de stèles en pierre. Les stèles « hautes », qui dépassent, rarement, deux mètres, contrairement au menhirs. Travaillées, cannelées, elles sont de forme troncôniques ou pyramidales. Ce sont des monuments funéraires, de tradition celtique, dont les urnes, retrouvées au pied, sont datées du second âge du fer ( VIème au IIème av J.C)
Le deuxième type de stèle, appelé « stèle basse », représente la forme d’une sphère ovoïdale dont la hauteur ne dépasse pas la largeur. Vénérés par les Bretons, ces menhirs-stèles, connus sous le nom de lec’h, connaîtront un réemploi vers l’an 800. En effet, pour ne pas fâcher les villageois qui les « encensent », Charlemagne, qui a ordonné la destruction de toutes les pierres païennes, accepte que quelques mégalithes « rescapés » soient christianisés par l'adjonction d'une croix, ou de divers motifs illustrant la nouvelle religion catholique. Elles seront, ainsi, placées prés de nombreuses églises. Mais quelle était la première fonction de ces pierres millénaires ? Hélas, peu de gens s’y sont intéressés. Et pourtant, tout porte à croire que chaque commune a reçu en héritage, d’un Dieu généreux, un lot de menhirs et de dolmens afin d’élever la spiritualité de chaque habitant.
Dans l’enclos paroissial, une stèle gauloise d’environ 4 mètres, surmontée d’une croix, a fait longtemps l’objet de superstitions. Cette stèle païenne fut, certainement, arrondie à l’âge de Fer puis christianisée au Moyen-Age. Cette pierre haute, à l’origine un menhir, a-t-elle été déplacée du lieu dit Kermenhir, à l’entrée de Loctudy ? La stèle cannelée du cimetière pourrait très bien d’après Mr Giot provenir de Kermenhir. Connu sous le nom de « Pierre de la Connaissance » un menhir, aujourd’hui disparu, avait bien été signalé près d’un ruisseau et d’une autre pierre couchée à Kermenhir-Bihan. Et comment ne pas faire le lien entre les mégalithes et les souterrains de l’âge de Fer, en apprenant la présence de ces deux vestiges dans ce même lieu ?
Près de Coz Castel ( vieux château en breton), à Keraugant ( ker augan maison de la fée en breton ) une grande stèle a été retrouvée découpée en cinq pièces dans le champ à 100 mètres de la ferme, au début du siècle dernier. Lors de ma visite surprise, Mr Péron m’a montré, avec enthousiasme, l’endroit où elle a été retrouvée et les cinq morceaux qui mis bout à bout constituaient un menhir de 4,27 mètres. Intéressé par l’archéologie, il m’expliqua que la partie haute de la stèle avait été retrouvée, renversée dans la ferme et servait de table pour laver le linge jusqu’en 1960 environ.
Une seconde stèle « basse » fut déplacée place des Anciens Combattants face à la mairie. Elle provient du lieu-dit « Park ar Villien » (champ de galets) près de Kerandouin en Loctudy. De forme hémisphérique et d'un mètre de haut, elle reste une énigme pour les archéologues. Son sommet porte plusieurs cupules dont le mystère n’a toujours pas été élucidé.
A quelques centaines de mètres j’ai retrouvé la stèle basse de Kerambour, comme un œuf tombé du nid au milieu des herbes hautes. Située dans une ancienne ferme à l’entrée de Loctudy, sur une ligne horizontale qui rejoint le manoir de Kerazan, cette pierre ronde est gravée d’une cupule sur le dessus. Autrefois, deux petits menhirs en triangle, taillés en biseau se trouvaient à ses côtés. ( extrait de mes recherches publiées dans l'Héritage sacré des Boigoudens)