Il y a bien longtemps en Bretagne se dressait, au fond d’une baie, une riche cité dénommée Ys ou Ker Ys. Une solide digue empêchait la mer d’y rentrer et seul une porte de bronze permettrait d’entrer et de sortir de la ville. Le bon roi Gradlon en conservait jalousement la clé, mais sa fille Dahut, qui menait fort mauvaise vie, une nuit lui déroba la clé et ouvrit la porte en un moment de folie. Le mer envahit la ville et détruisit tout sur son passage. Seul le Roi Gradlon parvint à s’échapper, avec la complicité de St Guénolé, et se réfugia à Quimper qui devint sa nouvelle capitale.
La légende rapporte que la ville d'Ys s'élevait dans la baie de Douarnenez. Le lieu-dit Pouldavid, quelques kilomètres à l'est de la ville de Douarnenez, est la forme francisée de "Poul Dahut", le "trou de Dahut" en breton, et indique l'endroit ou la princesse fut engloutie par les flots.
On dit aussi que la ville d'Ys etait la plus belle capitale du monde et que Lutèce fut baptisée Paris car "Par Ys" en breton signifie "pareille a Ys". Deux proverbes populaires bretons en témoignent:
Ys ou Is, parfois appelée Ker Ys, est une ville légendaire de Bretagne, qui aurait été engloutie par l'océan. Probablement issue d'un thème celtique autour de la femme de l'Autre monde ou de l'Atlantide, la légende de la ville d'Ys fut clairement christianisée afin de diaboliser Dahut, la femme païenne.
Dans chacun de ces récits, la cité perdue est en quête d’un acte libérateur, car sa résurrection fut prédite en même temps que sa disparition. Si, dit-on, un vivant parvenait à y pénétrer et y accomplissait une action précise à une date précise et lors d’un événement précis, ses habitants muets seraient libérés et elle réémergerait, au grand dam d’autres villes selon deux dictons : « Quand la ville d’Ys des flots sortira, Brest ainsi qu’Ouessant s’abîmera et Quimper submergé sera »
" Quand des flots Ys émergera, Paris submergé sera "
"Quand des flots Ys apparaîtra, Paris pareille à Ys disparaitra"
Aujourd'hui encore, il arrive que, par temps calme, les pêcheurs de Douarnenez entendent souvent sonner les cloches sous la mer et disent qu'un jour Ys renaîtra. Plus belle que jamais.
Voici l'histoire du Roi Gradlon et de la ville d'Ys. Le Roi Gradlon habitait en Cornouaille.
Malgven, sa femme aux longs cheveux roux. Pour certains auteurs elle fût, la Reine du Nord, souveraine boréale régnant sans partage sur les pays froids.
Pour fuir la Cornouaille, chassé par des ennemis, le couple enfourcha Morvarc'h, le cheval magique de Malgven. Morvarc'h "cheval de mer" en breton, était noir comme la nuit et soufflait du feu par ses naseaux. Ils furent accueillis sur un des bateaux alliés.
Gradlon et Malgven restèrent une année entière sur la mer. Un jour, sur un bateau, Malgven donna naissance à un enfant, une fille qu'ils appelèrent Dahut. La reine tomba malade et mourut. Dahut grandissait, elle était très belle, comme sa mère Malgven. Dahut aimait beaucoup la mer. Un jour elle demanda à son père qu'il lui construise une ville, une ville au bord de la mer.
Gradlon adorait sa fille et accepta. Plusieurs milliers d'ouvriers furent mis au travail et construisirent une ville au large du Finistère qui semblait sortir de la mer. Pour la défendre des hautes vagues et des tempêtes, il fut construit une très haute digue encerclant la ville, avec une unique porte de bronze qui y donnait accès. Le Roi Gradlon seul en possédait la clé. On l'appela ville d'Ys.
Chaque jour Ys voyait de nouveaux festins, des jeux, des danses.
Chaque jour, la princesse Dahut avait un nouveau fiancé. Le soir, elle lui mettait un masque noir sur le visage, il restait avec elle jusqu'au matin. Des que le chant de l'alouette se faisait entendre, le masque se resserrait sur la gorge du jeune homme et étouffait le fiance de la nuit. Un cavalier prenait alors le corps sur son cheval pour aller le jeter dans l'Océan, au delà de la baie de Trépassés. Ainsi, tous les fiancés de Dahut mouraient au matin et étaient jetés à la mer.
Un jour de printemps, un chevalier étrange arriva dans la ville d'Ys. Dahut lui sourit, le chevalier ne la regarda pas. Un soir cependant, il accepta de venir auprès d'elle. Il passa longuement ses longues mains aux ongles pointus dans les beaux cheveux blonds de la princesse. Soudain, un grand bruit s'éleva des profondeurs de l'océan et un terrible coup de vent heurta les murailles de la ville d'Ys. "Que la tempête rugisse, les portes de la ville sont solides et c'est le Roi Gradlon, mon père, qui en possède l'unique clé, attachée à son cou", dit Dahut. "Ton père le roi dort, tu peux maintenant t'emparer facilement de cette clé", répliqua le chevalier.
La princesse Dahut entra dans la chambre de son père, s'approcha doucement de lui et prit la clé, attachée a une chaîne autour de son cou. Au moment où une énorme vague, plus haute qu'une montagne, allait s'abattre sur Ys, Gradlon se réveilla et Dahut lui dit: "Père, vite, prenons le cheval Morvarc'h, la mer a renversé les digues". Le roi prit sa fille sur le cheval, la mer était déchaînée. Le cheval se cabrait sur l'eau qui montait a gros bouillons. Dahut se serrait contre son père et lui dit: "Sauvez-moi, mon père!" Il y eut alors un grand éclair dans la tempête et on entendit une voix qui allait de rocher en rocher et disait "Gradlon, lâche la princesse".
Une forme pâle comme un cadavre apparut, enveloppée dans un grand vêtement brun. C'était Saint Guénolé, qui dit à la princesse: "Malheur a toi, tu as voulu voler la clé de la ville d'Ys!" Dahut répondait: "Sauvez-moi, emportez-moi au bout du monde !" Mais le cheval Morvarc'h ne bougeait plus et les eaux en furie gagnaient sur eux. Saint Guénolé répéta son ordre à Gradlon "Lâche la princesse!", les vagues énormes touchaient leurs pieds. le Roi Gradlon, poussa sa fille dans la mer. Les vagues se refermèrent sur la princesse. La mer engloutit alors la ville d'Ys et tous ses habitants périrent noyés.
Le cheval du roi repartit, bondissant sur les plages puis au travers des prés et des collines, galopant toute la nuit. Gradlon arriva enfin dans la ville où deux rivières se rejoignIrent entre sept collines, Quimper. Il décida d'en faire sa capitale et y vécut le restant de ses jours. A sa mort, on sculpta sa statue dans du granit. Cette statue est aujourd'hui élevée entre les deux tours de la cathédrale Saint-Corentin à Quimper. Elle représente le Roi Gradlon, à cheval, regardant en direction de la ville disparue.
Le roi Gradlon aurait bâti d'autres châteaux dont celui de l'Ile Chevalier dont il ne reste que le donjon.( Cf Les secrets des souterrains en Armorique et dans le monde V Kerdranvat) "Furieux et honteux, le roi Marc'h se réfugia à l'Île Chevalier, dans le Pays Bigouden, où subsistent encore quelques ruines de son château connu sous le nom de kastell ar roue Gradlon. Un document écrit en 1 425 atteste que le château, qui appartenait à cette époque aux barons de Pont-l’Abbé, avait porté le nom de castel Roe Marc’h, le château du roi Cheval. Gradlon comme je l’avais toujours pressenti était, sans aucun doute, le roi Marc’h. Il était évident qu’ici cheval signifiait chevalier, un terme de noblesse pour une lignée royale". (Cf. Mémoires d’une Bigoudène vkerdranvat)
Certains racontent que Dahut, après sa mort, devint une sirène et qu'elle apparaît aux pêcheurs les soirs de lune, peignant sa longue chevelure d'or. Ils disent aussi que par temps très calme on peut entendre sonner les cloches de la cité disparue.
Dahut est devenue un symbole du mal dans les versions courantes de sa légende. Cependant, d'autres analyses y voient l'incarnation d'un pouvoir spirituel féminin combattu par le christianisme ou une allégorie de la mer.
Dahut est parfois confondue avec un autre personnage du folklore breton, une princesse, fée ou géante nommée Ahès.
D'après l’auteur breton, Yann Brekilien, le cheval est un personnage récurrent de conte, généralement dans le rôle du protecteur du héros doté de facultés magiques.
Morvarc’h est un cheval fantastique capable de galoper sur les flots et sur terre sans laisser de traces. Il est revêtu d’une robe noire et les conteurs rapportent qu’il expire des flammes par les naseaux quand il galope. Il est possible, ici, aussi, que l’évocation d’un vaisseau spatial ait pris l’apparence d’un cheval dans la mémoire collective, gardant un souvenir très lointain d’une époque avancée…
Le roi Marc'h, le roi cheval en breton, est présent dans la mythologie et les textes postérieurs. Le récit breton mettant en scène le roi affublé de grandes oreilles de cheval n’est, peut-être, pas une marque de honte ou de déshonneur comme cela a longtemps été supposé, mais une preuve souveraine. Le récit posséderait-il un fond indo-européen très ancien ayant trait à la divinisation du cheval ou à un souvenir de Poséidon, roi des chevaux et des Atlantes ? Le roi Marc’h serait-il Gradlon, le roi de la ville d’Ys, engloutie au large du Finistère ou le roi Midas ? La légende affirme que le roi Marc’h dissimulait ses oreilles de cheval sous un bonnet et qu’il menaçait les barbiers de mort s’ils révélaient ce secret. Mais l’un d’entre eux, qui mourrait d’envie de le divulguer, se confia à la terre. Un roseau poussa à cet endroit et fut coupé par un sonneur pour en faire un biniou. Quand le musicien se mit à jouer, l'instrument chanta « Le roi Marc'h a des oreilles de cheval ». Furieux et honteux, le roi Marc'h se réfugia à l'Île Chevalier, dans le Pays Bigouden, où subsistent encore quelques ruines de son château connu sous le nom de kastell ar roue Gradlon. Un document écrit en 1 425 atteste que le château, qui appartenait à cette époque aux barons de Pont-l’Abbé, avait porté le nom de castel Roe Marc’h, le château du roi Cheval. Gradlon comme je l’avais toujours pressenti était, sans aucun doute, le roi Marc’h. Il était évident qu’ici cheval signifiait chevalier, un terme de noblesse pour une lignée royale. (Cf. Mémoires d’une Bigoudène vkerdranvat)
Il existe en Turquie un mythe semblable à notre roi Marc’h breton. En effet, Midas, roi de Phrygie, ancienne région des Cappadoce en Turquie fut affublé d’oreilles d’âne par Apollon. Dans ce mythe, Midas, talentueux musicien doit trancher dans un concours entre Marsyas, joueur de flûte et Apollon qui joue de la lyre. Midas choisit Marsyas. Aussi Apollon décide-t-il de se venger et lui met des oreilles d’âne. Midas tente de les cacher sous un bonnet phrygien, mais un serviteur découvre son secret en lui coupant les cheveux. Incapable de tenir le secret plus longtemps, le serviteur finit par creuser un trou dans le sable, et avoue : « Le roi Midas a des oreilles d'âne » et rebouche le trou. Des roseaux poussent à cet endroit et répètent à tous le secret du roi. Une autre version rapporte que le barbier ayant confié le secret des oreilles d'âne du roi à un puits, il oublia de refermer l'orifice et l'eau du puits déborda, noya le palais et engendra le lac actuel de l'Yssyk Koul.
Il est intéressant de noter qu’il est question du même mythe dans cette région d’Anatolie qui sera envahie par des tribus celtes aux alentours de 279 avant J.C. Les celtes ayant apporté avec eux leur tradition primordiale nommèrent cette partie de la Phrygie : la Galatie dans laquelle apparait une nouvelle fois la racine gal des grands héritiers que j’explique plus en détails dans un des chapitres précédents. On peut également souligner qu’al se trouve aussi dans cheval et, chez les Francs-maçons, le A évoque le compas, la force et le L, l’équerre, la Divinité.
Dans le livre de Leinster, un manuscrit irlandais du XIIème siècle qui compile plusieurs mythes celtiques dont le livre des invasions d’Irlande (le célèbre Lebor gabala Erenn), on remarque Labraid, un grand roi aux oreilles de cheval régnant sur la province irlandaise de Mide (Midhe) dont la capitale est Tara. Ici, il est facile de faire le lien avec le roi Mida aux oreilles d’âne régnant sur la Turquie. Porter des oreilles de cheval ou d’âne serait le symbole de souveraineté et non de bêtise.
De plus, n’est-il pas intéressant de préciser que Morrigan, la déesse guerrière aux sourcils roux, héroïne de la mythologie celtique irlandaise, se déplace sur les champs de bataille dans un équipage rouge, sur un char guidé par un cheval rouge qui n'a qu'une seule jambe ? « Une femme rouge avec deux sourcils rouges était dans le char, et son manteau et son vêtement étaient rouges » (Source : Récits celtiques irlandais La Rafle des vaches de Cooley, page 243)
D'après l’auteur breton, Yann Brekilien, le cheval est un personnage récurrent de conte, généralement dans le rôle du protecteur du héros doté de facultés magiques.
Morvarc’h est un cheval fantastique capable de galoper sur les flots et sur terre sans laisser de traces. Il est revêtu d’une robe noire et les conteurs rapportent qu’il expire des flammes par les naseaux quand il galope. Il est possible, ici, aussi, que l’évocation d’un vaisseau spatial ait pris l’apparence d’un cheval dans la mémoire collective, gardant un souvenir très lointain d’une époque avancée…
Le roi Marc'h, le roi cheval en breton, est présent dans la mythologie et les textes postérieurs. Le récit breton mettant en scène le roi affublé de grandes oreilles de cheval n’est, peut-être, pas une marque de honte ou de déshonneur comme cela a longtemps été supposé, mais une preuve souveraine. Le récit posséderait-il un fond indo-européen très ancien ayant trait à la divinisation du cheval ou à un souvenir de Poséidon, roi des chevaux et des Atlantes ? Le roi Marc’h serait-il Gradlon, le roi de la ville d’Ys, engloutie au large du Finistère ou le roi Midas ? La légende affirme que le roi Marc’h dissimulait ses oreilles de cheval sous un bonnet et qu’il menaçait les barbiers de mort s’ils révélaient ce secret. Mais l’un d’entre eux, qui mourrait d’envie de le divulguer, se confia à la terre. Un roseau poussa à cet endroit et fut coupé par un sonneur pour en faire un biniou. Quand le musicien se mit à jouer, l'instrument chanta « Le roi Marc'h a des oreilles de cheval ». Furieux et honteux, le roi Marc'h se réfugia à l'Île Chevalier, dans le Pays Bigouden, où subsistent encore quelques ruines de son château connu sous le nom de kastell ar roue Gradlon. Un document écrit en 1 425 atteste que le château, qui appartenait à cette époque aux barons de Pont-l’Abbé, avait porté le nom de castel Roe Marc’h, le château du roi Cheval. Gradlon comme je l’avais toujours pressenti était, sans aucun doute, le roi Marc’h. Il était évident qu’ici cheval signifiait chevalier, un terme de noblesse pour une lignée royale. (Cf. Mémoires d’une Bigoudène vkerdranvat)
Il existe en Turquie un mythe semblable à notre roi Marc’h breton. En effet, Midas, roi de Phrygie, ancienne région des Cappadoce en Turquie fut affublé d’oreilles d’âne par Apollon. Dans ce mythe, Midas, talentueux musicien doit trancher dans un concours entre Marsyas, joueur de flûte et Apollon qui joue de la lyre. Midas choisit Marsyas. Aussi Apollon décide-t-il de se venger et lui met des oreilles d’âne. Midas tente de les cacher sous un bonnet phrygien, mais un serviteur découvre son secret en lui coupant les cheveux. Incapable de tenir le secret plus longtemps, le serviteur finit par creuser un trou dans le sable, et avoue : « Le roi Midas a des oreilles d'âne » et rebouche le trou. Des roseaux poussent à cet endroit et répètent à tous le secret du roi. Une autre version rapporte que le barbier ayant confié le secret des oreilles d'âne du roi à un puits, il oublia de refermer l'orifice et l'eau du puits déborda, noya le palais et engendra le lac actuel de l'Yssyk Koul.
Il est intéressant de noter qu’il est question du même mythe dans cette région d’Anatolie qui sera envahie par des tribus celtes aux alentours de 279 avant J.C. Les celtes ayant apporté avec eux leur tradition primordiale nommèrent cette partie de la Phrygie : la Galatie dans laquelle apparait une nouvelle fois la racine gal des grands héritiers que j’explique plus en détails dans un des chapitres précédents. On peut également souligner qu’al se trouve aussi dans cheval et, chez les Francs-maçons, le A évoque le compas, la force et le L, l’équerre, la Divinité.
Dans le livre de Leinster, un manuscrit irlandais du XIIème siècle qui compile plusieurs mythes celtiques dont le livre des invasions d’Irlande (le célèbre Lebor gabala Erenn), on remarque Labraid, un grand roi aux oreilles de cheval régnant sur la province irlandaise de Mide (Midhe) dont la capitale est Tara. Ici, il est facile de faire le lien avec le roi Mida aux oreilles d’âne régnant sur la Turquie. Porter des oreilles de cheval ou d’âne serait le symbole de souveraineté et non de bêtise.
De plus, n’est-il pas intéressant de préciser que Morrigan, la déesse guerrière aux sourcils roux, héroïne de la mythologie celtique irlandaise, se déplace sur les champs de bataille dans un équipage rouge, sur un char guidé par un cheval rouge qui n'a qu'une seule jambe ? « Une femme rouge avec deux sourcils rouges était dans le char, et son manteau et son vêtement étaient rouges » (Source : Récits celtiques irlandais La Rafle des vaches de Cooley, page 243)
Extrait de mon livre Le sang royal des Atlantes Vkerdranvat
La version hagiographique de Pierre Le Baud, plus ancienne version connue, voit déjà l'engloutissement de la ville comme résultant des péchés de ses habitants, mettant en valeur les évangélisateurs bretons. Pierre Le Baud ou Lebaud, né vers 1450, est surtout connu comme aumônier de la duchesse Anne de Bretagne et pour ses travaux sur l'histoire de la Bretagne.
À la demande de Jean de Châteaugiron, dont Pierre le Baud est parent par sa branche maternelle, il entreprend un premier travail d'écriture sur l'histoire de la Bretagne qu'il achève en 1480 sous le nom de Compillation des cronicques et ystoires de Bretons, aussi appelé, Cronicques et ystoires de Bretons. Il a rédigé une seconde histoire de Bretagne à la demande de la duchesse Anne. Le
Dans la version la plus ancienne de Pierre le Baud en 1495, Dahut n'apparaît pas. Elle apparaît en 1636 avec celle d'Albert le Grand dans La Vie des saints de la Bretagne Armorique : « cause principale à la Princesse Dahud, fille impudique du bon Roy, laquelle périt en cet abysme [...] ». La littérature bretonne postérieure s'appuie sur cette version.
Emile Souvestre conte une version de la légende d'Ys dans son ouvrage à succès Le foyer breton (1844), sous le titre de « Keris ». Dahut y est présentée comme la fille de Grallon « à la conduite déréglée, qui pour échapper à la surveillance de son père, était allée habiter Keris à quelques lieues de Quimper. C'est une « grande magicienne » qui a bâti les merveilles de sa ville et commandé aux korrigans de l'aider, contribuant à sa richesse et à son opulence. Elle garde en permanence sur elle les clefs d'argent qui ouvrent les digues protégeant Ys de l'envahissement des flots, et dompte des dragons marins pour le service des habitants. Elle donne des fêtes jour et nuit, qui attirent les foules. Si elle repère un jeune homme qui lui plaît, elle lui remet un masque magique qui permet à cet amant de la rejoindre dans une tour. Le lendemain matin, quand Dahut prend congé du malheureux, le masque se resserre et l'étrangle. Le cadavre est alors précipité dans la mer par un serviteur. Un jour, un inconnu se présente dans la ville d'Ys et entraîne ses habitants dans une danse tourbillonnante. Il en profite pour voler les clefs d'argent de la princesse et s'échappe en ouvrant toutes les écluses. Saint Corentin vient trouver le roi Grallon et lui dit que la ville va être livrée au démon. Dans sa fuite, il secourt Dahut qui s'accroche à la croupe de son cheval. L'animal commence à couler, aussi le Saint lui dit de rejeter Dahut à la mer. Le roi hésite, le Saint touche l'épaule de Dahut avec sa crosse, elle disparaît au fond d'un gouffre nommé depuis le « gouffre d'Ahès ».
Souvestre s'inspire vraisemblablement de La vie des Saints d'Albert Le Grand. Il en garde la vision de Dahut comme d'une jeune femme impudique, et ajoute un grand nombre de détails littéraires. Il est très probable que la tradition orale de l'époque lui ait permis de collecter certains éléments au sujet de Dahut, mais il n'y a aucun moyen de savoir quels étaient précisément ces éléments, qui ont circulé pendant les 160 années séparant la version d'Albert Le Grand de la sienne. Des sermons religieux et des pièces de théâtre tirées de La vie des Saints pourraient tout aussi bien en être à l'origine. Paul Sébillot estime que la légende selon laquelle Dahut ferait noyer ses amants provient de la déformation d'une tradition populaire, suggérant qu'elle noyait des hommes après les avoir épousés, dans un gouffre près d'Huelgoat. Pour lui (comme pour Le Roux et Guyonvarc'h), le masque magique est une invention et le thème du diable ou du démon mêlé aux invités pour danser est un emprunt littéraire. En revanche, l'importance accordée aux clefs de la ville (souvent détenues par Gradlon dans les autres versions) respecte la tradition antérieure.